Nombre total de pages vues

22 juillet 2014

LES AGENTS VEULENT S'ÉRIGER EN ORDRE PROFESSIONNEL

     
· La plupart des clients refusent de payer
· Le projet de loi soumis au gouvernement en 1997 définit le métier de l'agent immobilier ainsi que les conditions d'accès et d'exercice de la profession


Le marasme du marché de l'immobilier a engendré un mécontentement chez les professionnels. Promoteurs et industriels de matériaux de construction déplorent la stagnation de leurs activités. Les agents immobiliers ne sont pas en reste. Ces "intermédiaires immobiliers" désirent plus que jamais resserrer leurs rangs pour organiser leur profession. Ils veulent s'ériger en ordre professionnel.
Ce n'est pas seulement l'état stagnant du marché qui est la cause de leurs soucis. Pour eux, le problème est beaucoup plus structurel. Il concerne le non-paiement de leurs services.
"Beaucoup de gens refusent de payer l'agent immobilier ou se dérobent de le faire. A défaut d'un engagement écrit, ce dernier est souvent roulé dans la farine. Des clients croient avoir affaire à des courtiers à qui il faut donner un peu de bakchich et non pas des honoraires de service", explique M. Mehdi Alaoui, agent immobilier.
M. Alaoui a été débouté de sa commission estimée à 42.000 DH par une grande firme spécialisée dans l'automobile. Cette dernière a refusé de le payer et préféré négocier directement avec le propriétaire du lot.
En fait, le métier d'agent immobilier est entouré de confusions. Même si les intermédiaires se constituent de plus en plus en sociétés organisées, l'image de l'agent immobilier du quartier à la chasse des clients n'est pas prête d'être effacée de l'esprit des gens d'autant plus qu'il est facile de le devenir. Des retraités, des ouvriers et des fonctionnaires assurent cette tâche. L'astuce est de savoir vendre son produit.
"Le problème relève d'une honnêteté à la base. La signature de l'option de vente ou de location n'est pas appréciée par les clients. En leur parlant de trace écrite, beaucoup se disent être touchés dans leur dignité et préfèrent s'en tenir à la parole. Une fois le lot visité et le propriétaire connu, ils vont négocier directement avec ce dernier, oubliant ainsi l'agent", explique une professionnelle sous le couvert de l'anonymat.
Malgré cette pratique frauduleuse, peu d'agents prennent la décision d'attaquer leurs clients en justice et ce, même s'ils ne détiennent pas des pièces appuyant leurs actions. Ils ont peur de se faire une mauvaise image dans le créneau et perdre des clients potentiels.
Cette dame s'est fait débouter de sa commission estimée à 450.000 DH par un grand promoteur immobilier à qui elle a proposé un terrain d'immeuble de 3.500 mètres carrés. Le prix du terrain s'est élevé à 19 millions de DH. Le promoteur, ayant pris contact avec le propriétaire, a préféré négocier directement avec ce dernier.
D'autres pratiques montrent que la confiance n'est pas installée entre les clients et les agents immobiliers. Beaucoup de sociétés contactent plusieurs agences à la fois pour une même affaire. L'objectif est d'obtenir le meilleur produit à moindre coût. "Le marché est tellement difficile que la plupart des agents peinent à avoir des clients. C'est malheureusement cette pratique qui pousse les personnes à considérer l'intermédiaire comme un rabatteur", confie un autre agent immobilier.
Côté honoraires, la situation se complique davantage. Le paiement se fait à l'usage. Quand il y a une vente, la commission des agents est de 2,5% du montant de la transaction et ce, quel que soit le type de locaux objet de cette opération. Cette commission n'est pas définitive. Elle est souvent soumise au marchandage. En cas de location, le montant de la commission équivaut à un mois de loyer.
La désorganisation de la profession n'est pas due à l'absence de structures fédératrices. Les associations d'agents immobiliers existent, "mais elles ne peuvent remplir leurs fonctions de coordination et de défense des droits de leurs membres en l'absence d'un cadre juridique réglementant la profession", affirme M. Abdellah Lazrak, président de l'Association Nationale des Agents Immobiliers du Maroc (ANAIM).
Cette association a élaboré un projet de loi qu'elle a soumis au gouvernement en 1997. Il n'y a pas eu de suite depuis. Ce texte définit le métier de l'agent immobilier ainsi que les conditions d'accès et d'exercice de la profession. Ainsi, tout agent voulant bénéficier d'une carte professionnelle doit justifier d'un diplôme universitaire et d'une expérience confirmée. Les transactions immobilières ou les fonds de commerce doivent être soumis à un mandat écrit sous forme de convention. Ce mandat précise les caractéristiques du bien immobilier, le prix de sa vente, la nature de la prestation à fournir au client, le montant de la rémunération et les conditions de son règlement. 

Ce que dit la loi


La fonction d'agent immobilier est régie par le dahir du 12 janvier 1945. Ce texte réglemente aussi les métiers des placeurs de capitaux, des conseillers juridiques et des administrateurs de biens. Le dahir de 1945 détermine les conditions d'exercice de la profession et fixe une ligne de conduite. Le candidat au métier de conseiller immobilier doit avoir l'assise financière nécessaire. L'obtention d'une carte professionnelle exige un dépôt de garantie au Trésor, la tenue d'un registre dûment paraphé par le parquet et un casier judiciaire vierge.

Loi sur le locatif


A côté de l'organisation de leur profession, les agents immobiliers misent aussi sur la loi sur le locatif pour redresser leur activité. "Cette loi instaurera une confiance entre les locataires et les propriétaires. Ce qui donnera un coup de pouce aux transactions immobilières", assure M. Lazrak.


 
rticle/les-agents-veulent-seriger-en-ordre-professionnel#sthash.GizHTbbI.dpuf
COPROPRIÉTÉ: DU BEURRE POUR LES SOCIÉTÉS DE SYNDIC

. Le nouveau texte officialise la gestion externe de la copropriété . Le manque de sensibilisation risque de réduire l'application des nouvelles dispositions 
Les responsables des sociétés privées de syndic sont contents. La nouvelle loi sur la copropriété a officiellement réglementé leur activité. «L'ancien texte de 1946 ne prévoyait pas une gestion externe des parties indivises. Heureusement que les nouvelles dispositions officialisent et réglementent une situation déjà existante», indique Ahmed Ennahli, notaire à Témara. En effet, même si elle n'était pas prévue par les anciens textes, la sous-traitance par une société privée de syndic d'un domaine en copropriété était monnaie courante. De plus, de nombreuses sociétés (de différentes activités d'ailleurs) se positionnent de plus en plus sur ce créneau. Reste qu'une société de syndic est gestionnaire d'un parc immobilier, elle collecte et gère les fonds des copropriétaires sans être cautionnée pour autant. «Une société de syndic n'est ni une caisse, ni une banque, et pourtant, elle régit des fonds, ce qui peut être très dangereux», explique Abdesslam Lahlou, DG de la société Le Syndic. Selon ce professionnel, la nouvelle loi aurait due être plus stricte quant à la réglementation de ces sociétés. «Les entreprises qui gèrent actuellement les immeubles en copropriété sont pour la majorité des sociétés de gardiennage, sécurité, et nettoyage, qui n'ont aucune expérience dans le domaine de la copropriété», ajoute Lahlou. Outre une gestion externe, les copropriétaires peuvent également gérer eux-mêmes leur immeuble. «C'est d'ailleurs le cas pour la majorité. Faute de moyens et de confiance, les copropriétaires préfèrent gérer leurs affaires eux-mêmes», explique le responsable d'un syndic à Casablanca. Cette solution est à l'évidence avantageuse car elle limite le risque de voir les fonds dilapidés par une société étrangère. Reste qu'une gestion interne prive les copropriétaires du professionnalisme d'une société spécialisée. «Une gestion externe a l'avantage de la globalité, en ce sens que la société se charge de tout. Et cela va de la collecte des frais jusqu'au règlement des conflits entre copropriétaires», note ce responsable. En effet, outre les tâches connues de tous, telles que l'entretien de l'immeuble, la maintenance de l'ascenseur et le paiement des charges inhérentes à l'électricité et à l'eau, le syndic doit également assurer certaines fonctions moins évidentes mais qui sont au moins aussi importantes. Il s'agit de souscrire une assurance multirisque obligatoire «que peu d'immeubles contractent», affirme le responsable d'une société de syndic à Casablanca.Le syndic doit également être doté d'un compte bancaire et tenir une comptabilité. Tous les frais engagés doivent être justifiés. Les copropriétaires ont alors le droit de consulter les livres comptables une fois par trimestre. Cet organisme doit enfin assurer le paiement du salaire du concierge, et de tout autre personnel de l'immeuble tel que le gardien et le jardinier. Le syndic a également un droit de regard sur les modifications et travaux qui concernent non seulement les parties communes mais aussi les parties divises qui touchent la façade de l'immeuble. «Désormais, les travaux touchant ces parties doivent être autorisés par les représentants des copropriétaires», indique Ennahli. Autant de tâches et de problèmes auxquels s'ajoute un manque terrible de sensibilisation. «Les syndics non professionnels ne connaissent pas la nouvelle loi. Ce sont les sociétés privées qui ont engagé une campagne de sensibilisation afin de vulgariser les nouvelles règles auprès des copropriétaires», soutient Lahlou. Et d'ajouter que, «pour ce faire, plus de 25.000 exemplaires du nouveau texte ont été distribués dans les principales villes du Royaume».
Règlement
Le nouveau règlement de la copropriété donne une grande latitude aux copropriétaires. C'est désormais un contrat dans lequel ces derniers ont le droit d'insérer toute disposition qui ne soit pas contraire à l'ordre public. Le texte de loi est alors relégué aux rangs de dispositions supplétives. Les copropriétaires peuvent par exemple exiger que l'immeuble ne soit destiné qu'à un usage d'habitation. Ils peuvent ainsi éviter l'implantation de petits commerces dans les parties indivises, source de grands problèmes.La nouvelle loi prévoit par ailleurs un règlement de copropriété type, et un plan comptable pour faciliter l'activité des syndics. «Ces deux instruments n'ont pas encore vu le jour, ce qui réduit conséquemment l'applicabilité de ce texte»,Mehdi EL Alaoui affirme le DG de Maroc vision D'affaires